Environnement urbain contre environnement naturel : un marché de dupe!

Parmi les contributions du forum sur l’autoroute sur le site de la DREAL ( www.paca.developpement-durable.gouv.fr ), nous avons relevé celle d’un cadre supérieur de l’Administration. Certes, le texte est technique et long, mais il mérite attention car il confirme notre analyse du projet : fonder la réalisation du barreau autoroutier d’Arles sur l’amélioration de l’environnement du Centre ville et sur la requalification de la R.N. 113 est illusoire !

 

« Un choix fondateur : l’Environnement urbain contre le milieu naturel. En lisant attentivement le dossier d’enquête publique il apparaît que la justification de la réalisation de ce tronçon de l’A54 vient de l’incapacité dans laquelle serait la RN 113 de supporter des flux plus importants à l’horizon 2020 et au-delà. Néanmoins aucune des variantes proposées n’envisage un réaménagement sur place de la RN 113 et le choix de la réalisation d’un nouveau barreau autoroutier n’est jamais remis en cause. Face à l’agression du milieu naturel c’est la transformation en voie plus urbaine de la RN 113 qui apporte sa justification environnementale au projet.

L’opportunité d’améliorer l’environnement des habitants du centre d’Arles justifie la construction d’une autoroute en milieu naturel.

La requalification de la RN 113 ; partie intégrante du projet. Les études de trafic présentées justifiant ce barreau de l’A54 ont pris en compte le réaménagement de la future ex-RN 113. Dans la mesure où les basculements de trafic sont significatifs alors que le niveau de service actuel de la RN 113 est relativement élevé et que le futur barreau de l’A54 est proposé à péage c’est un réaménagement complet de la RN 113 qui est pris en compte par les études de trafic.

Le dossier de concertation qui nous est présenté est techniquement fondé sur des études de trafic prenant en compte la requalification de la RN 113.

Quelle requalification pour la RN 113 ? Le dossier de concertation indique : une reconversion de la RN 113 en boulevard urbain sera réalisée avec l’aménagement de carrefours et de traversées spécifiques aux différents modes de déplacement ainsi que la réduction de la capacité routière au profit des modes de déplacement ainsi que la réduction de la capacité routière au profit des modes de déplacement doux.

Le boulevard urbain ? La Fiche 28 du CERTU présente le concept de boulevard urbain. On lit page 6 de cette fiche technique : Les carrefours, points singuliers de l’aménagement.  Afin d’insérer un boulevard dans la vie locale, les échanges doivent se faire à niveau. La distance entre deux carrefours influe sur la possibilité réelle de voir se développer d’autres usages que la seule circulation automobile. La sécurité du piéton n’est plus assurée si l’on espace trop les carrefours, en raison de la vitesse acquise par les véhicules et de la trop grande distance entre les passages pour piétons. Pour ces raisons de sécurité, mais aussi pour assurer la perméabilité entre le boulevard et les quartiers traversés, le rythme de succession des carrefours ne devrait pas excéder 200 à 300 mètres. 

La promesse de requalification de la RN113 est d’importance, un boulevard urbain est caractérisé par des carrefours à niveau (carrefour giratoire ou carrefours à feux).

La promesse n’engage que celui qui la reçoit. La RN 113 fera l’objet d’un déclassement de voirie et les collectivités locales auront la charge de cette nouvelle voie. L’établissement précis de la domanialité respective de cette voie ainsi que la prise en charge financière de sa requalification restent à préciser entre l’Etat et les collectivités. La ville d’Arles prévoit une délibération qui affirme son positionnement pour assurer la maîtrise d’ouvrage de l’étude portant sur la requalification de la RN 113 et mobilisera ses partenaires pour l’accompagner dans ses réflexions sur la requalification. Une étude de requalification est prévue pour être engagée par la ville à l’été 2011. Une démarche de concertation locale (associant CIQ, riverains, associations,…) sera conduite ultérieurement par les collectivités locales spécifiquement sur le projet de requalification, celui-ci ne faisant pas l’objet, en tant que tel, de la présente concertation publique.

Tant que le réaménagement de la RN 113 en boulevard urbain n’est pas complètement intégré et financé par le maître d’ouvrage du barreau autoroutier le dossier de concertation ne fait que présenter d’hypothétiques financements pour des aménagements possibles mais sans qu’aucune certitude ne soit donnée sur leur réalisation. Sans l’assurance de la requalification de la RN 113 le dossier de concertation n’est qu’un marché de dupes. »

 

Jacques HERSANT. Ingénieur Centrale-Lille 1980, MBA1986, Enseignant les transports à Sciences-Po. Paris. Ancien secrétaire général du GART (Groupement des Autorités Responsables des Transports).

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